Par Laura Gallimidi le 30/10/2025
Regarder l’horizon, sentir les embruns de l’océan sur son visage, respirer l’iode. Peut-on imaginer plus romanesque qu’une traversée de l’Atlantique en bateau ? Tous les fans de Titanic vous le diront, rien de mieux qu’une transatlantique pour sceller un amour éternel. Sauf que la vie n’étant pas Hollywood, traverser l’océan en bateau s’est souvent avéré être une entreprise périlleuse et rarement motivée par la pure envie de voyage. FairTrotter revient avec vous sur les grands jalons de l’histoire houleuse de la traversée maritime de l’Atlantique tout en ouvrant de nouveaux horizons sur l’avenir plus durable des transatlantiques.
Au début du XVe siècle, en Europe, on ignore encore en grande partie ce qui se trouve au-delà de l’horizon atlantique, les explorations maritimes et le commerce se concentrent sur la Méditerranée mais tout change en l’an 1492. On parle évidemment de Christophe Colomb, persuadé de partir pour l’Asie, il découvre les Caraïbes pour le compte de la couronne espagnole. Ce premier voyage marque le début d’une conquête et d’une bataille sans fin entre les grandes puissances européennes pour contrôler les routes commerciales et conquérir les nouveaux territoires américains. Et, tous les moyens sont bons, les couronnes européennes n'hésitent pas, par exemple, à faire appel à des pirates ! Si ces grandes explorations permettent des avancées majeures autant géographiques que techniques, elles sont aussi le berceau de l’esclavage colonial avec la mise en place et l’industrialisation (même si le terme est anachronique il permet toutefois de saisir l’ampleur de phénomène) du commerce triangulaire dès le XVIe siècle. Durant cette période, on estime à plus de 12 millions et demi de captifs déportés d’Afrique pour être vendus comme esclaves et servir de main d'œuvre pour exploiter les terres colonisés du Nouveau Monde. Le voyage transatlantique s’effectue alors dans des conditions abominables à bord de bateaux négriers ou la mort avant d’avoir touché terre est plus que probable.
L’industrialisation étant, cette fois, vraiment passée par là, on construit à cette époque de gigantesques bateaux dits paquebots pour faire voyager un maximum de personnes. C’est en quelque sorte l’invention du transport de masse. Mais, alors que les classes les plus aisées voyagent dans de bonnes, voire excellentes conditions, chez certaines compagnies, comme la White Star Line, et ont le luxe de pouvoir faire des allers-retours dans un pur but de villégiature, les plus pauvres, quant à eux montent souvent à bord dans l’espoir de trouver de meilleures conditions de vie de l’autre côté de l’Atlantique. À cette époque, les États-Unis représentent le graal en termes d’imigration et l’on est prêt à s’entasser dans d’immenses dortoirs avec des centaines de couchages dans des conditions d’hygiène déplorables pour tenter sa chance. Au fil du temps, les compagnies améliorent le confort de leurs paquebots et finissent par offrir des conditions de plus en plus décentes à l’ensemble des passagers (chouette alors maintenant on ne dort plus qu’à 8 dans l’entrepont quand on est sans le sou !). D’une certaine manière, les paquebots illustrent à la perfection les évolutions de la société aussi bien d’un point de vue technologique que social. Au tournant des années 20, les Etats-Unis décident de limiter les flux migratoires et l’eldorado du paquebot fait, petit à petit, naufrage.
Ce n’est un secret pour personne, à partir des années 60, ce qui séduit vraiment les touristes pour traverser l’Atlantique c’est l’avion. Le Concorde promet de rallier Paris et New York en seulement 3 heures 30 et pendant longtemps le transport aérien représente le luxe, la vitesse et le confort sans se soucier de l’impact environnemental. Progressivement l’avion devient synonyme de tourisme. Pendant très longtemps, celleux qui continuent de naviguer sont :
Aujourd’hui, les croisières transatlantiques existent et représentent souvent un voyage en soi où la finalité n’est pas tant d’arriver de l’autre côté de l’océan mais plutôt de profiter de l’expérience à bord. Ultra-polluants (pour se donner une petite idée : un bateau de croisière expulse la même quantité de soufre que l'équivalent d'un million de voitures par jour) et véritable incarnation du tourisme de masse débridé, les méga-bateaux de croisière se retrouvent de plus en plus sous le feu des critiques.
Mais, heureusement des alternatives plus durables existent et remettent du romantisme et de la lenteur nécessaire (mais mesurée) dans les traversées transatlantiques. Vous avez peut-être déjà entendu parler de la Bourse aux équipiers qui permet de faire du convoyage en bateau en rejoignant un équipage s’élançant - entre autres - vers le Nouveau Continent.
Mais depuis peu, une nouvelle est venue rebattre les cartes : Sailcoop, coopérative spécialisée dans le transport de passagers à la voile, proposera dès août 2025, en partenariat avec NEOLINE, professionnel du transport maritime responsable, une ligne transatlantique à la voile. Le pari est aussi dingue que génial : relier en seulement 13 jours la France aux Etats-Unis sur un voilier-cargo au 3 000m2 de voilure. Pour en savoir plus, c’est par ici ! Et, pour découvrir plus en détail l’initiative Sailcoop, retrouvez notre interview exclusive de Maxime, co-fondateur du projet, par là !
Alors matelot, vous remettrez bien un peu de décarbonation dans vos traversées maritimes ?