Par Laura Gallimidi le 07/04/2023
L’imaginaire autour des pirates sent souvent bon le rhum, les abordages au bout du monde et le sable fin des Caraïbes. Et si on vous disait que Jack Sparrow aurait pu échanger sa bouteille de planteur pour une petite bolée de cidre ? En effet, la Bretagne fut le berceau de la piraterie européenne et siège de nombreuses personnalités remarquable(s)…ment sanguinaires !
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Avec un emplacement extrêmement propice au commerce maritime, la Bretagne est aussi au cœur d’une bataille sans merci menée sur les mers et les océans pour le contrôle du monde. Avec l’intégration de la Bretagne au royaume de France au début du XVIe siècle, Morlaix et Saint-Malo deviennent deux des principaux ports de corsaires en Europe. Aujourd’hui, on peut encore admirer des constructions navales datant de plusieurs siècles ayant servi à protéger les côtes bretonnes des attaques ennemies venues de la mer. Quatre forts Vauban construits à la fin du XVIIe siècle sous ordre de Louis XIV, ont notamment traversé le temps à Saint-Malo.
C’est une question de statut qui les distingue. Le premier est un pur hors-la-loi qui ne répond qu’à ses propres règles mais risque la potence en cas de capture alors que le second, né au XVe siècle, est mandaté et protégé, le plus souvent par le souverain de son pays, pour partir en croisade contre les ennemis du royaume.
En bref, un moyen à l’époque pour la France de faire la guerre pas cher et pour les marins de s’enrichir bien plus qu’en restant simplement dans la marine marchande. Saint-Malo est d’ailleurs appelée la Cité corsaire.
Bien que peu de pirates bretons aient laissé leur nom dans l’Histoire, celui de Jeanne de Belleville se distingue particulièrement. Elle serait non-seulemment une des rares femmes au monde à avoir navigué sous pavillon noir mais, tout bonnement, la toute première femme pirate française !
Surnommée La Tigresse Bretonne, Jeanne de Belleville embrasse la piraterie au XIVe siècle alors que son mari Olivier de Clisson est arrêté puis assassiné par le roi de France pour haute trahison en plein conflit de succession sur fond d’indépendance bretonne. Pour en savoir plus, c'est par ici.
Elle se jure de venger son défunt époux avec qui elle formait un véritable power-couple moyenâgeux. Son navire nommé Ma Vengeance (une femme directe, cette Jeanne), écume les côtes bretonnes et s’attaque à tous les navires Français sur son chemin. D’une brutalité sans limite, Jeanne de Belleville ne laisse que quelques survivants chargés de rapporter les atrocités commises sur les autres membres de l’équipage. Le Pape intervient même dans le conflit pour tenter de mettre fin à ses activités. Jeanne inspire la crainte mais aussi l’admiration. Arrivée au port de Morlaix, elle décide cependant de raccrocher le tricorne pour s’exiler en Angleterre où elle noue une alliance maritale avec un seigneur local pour gagner en influence. Une sacrée pirate !
Robert Surcouf est probablement l’un des corsaires bretons les plus connus. Originaire de Saint-Malo, il rejoint la marine à l’âge de 13 ans. Mais, sa carrière de corsaire débute véritablement dans les Antilles en 1792 alors qu’il n’a que 19 ans. Il s’illustre face aux Anglais à bord de la Cybèle, un navire commandé par Tréhouart lui aussi originaire de … Bretagne ! Avec un tempérament particulièrement bagarreur, il est surnommé le “Tigre des mers”, ou aussi “Gros Robert”, mais avouons que c’est tout de suite moins impressionnant. Il obtient finalement le surnom de “Roi des corsaires” grâce à la mythique prise du Kent, un navire de commerce de la Compagnie des Indes Anglaises. Face à l’imposant bâtiment anglais de plus de 1000 tonnes avec un équipage de 430 hommes, le navire de Surcouf est 3 fois plus petit avec seulement 130 marins à son bord. Son abordage est pourtant victorieux et on raconte que la cargaison saisie vaut environ 100 millions de livres (soit près de 2 milliards d’euros !). Accueilli comme un héros en France, il est anobli.
Un destin entré dans la légende qui a pourtant souvent tendance à occulter le rôle de Surcouf dans la traite négrière et le commerce triangulaire. Un “oubli” qui pourrait expliquer le vandalisme régulier que subit sa statue sur les remparts de Saint-Malo.
Qu’on parle de pirates, corsaires, marins ou militaires, l’un des traits d’union de la Bretagne est sans conteste son rapport à la mer et à son histoire maritime. Si vous aussi, vous avez envie de vous laisser emporter par les embruns et voguer en Bretagne caribéenne, retrouvez ici la croisière proposée par FairTrotter !