Par Christine Manganaro le
Tous les enjeux liés aux déplacements, qu’ils soient motivés par nos envies de voyages ou imposés par nos activités quotidiennes et professionnelles, restent évidemment au centre des préoccupations et des engagements écoresponsables de FairTrotter.
La notion émergente du Temps de Trajet Responsable ne pouvait donc qu’attiser notre intérêt et surtout notre envie de le partager avec vous, chers lecteur.trice.s… d’autant que ce concept semble aussi inspirer de nouvelles approches d’entreprises dont Ubiq vient d’ouvrir la voie…
Repenser notre manière de nous déplacer… nous y sommes ! Il est temps, direz-vous, car nous n’avons plus vraiment d’autre choix que d’intégrer, une bonne fois pour toutes, les impacts environnementaux des moyens de transports à notre disposition pour gérer, en pleine conscience, nos façons de bouger !
Ce que le Temps de Trajet Responsable apporte de novateur ? Son approche « multidimensionnelle ». Un concept, voire une philosophie, qui transcende la simple idée de se rendre d'un point A à un point B, pour ouvrir un large spectre sur les répercussions globales, tant au plan écologique, sociologique qu’économique, de nos choix et de nos modes de déplacement durables et éclairés !
Dans un monde où les émissions de CO2, la congestion urbaine et la qualité de l'air sont, entre autres, des enjeux cruciaux de notre avenir, le TTR représente une approche holistique pour aborder les grands défis de mobilité du 21ème siècle… à condition que tout le monde s’y mette !
Bien évidemment, le concept de TTR vise à privilégier des choix de déplacements durables et conscients comme la marche, le vélo, les transports en commun citadins, les réseaux ferrés et, dans une moindre mesure, le covoiturage. Mais sa faisabilité doit aussi reposer sur d’autres démarches comme la « planification intelligente » qui consiste à utiliser des applications de navigation pour choisir des itinéraires plus fluides, des moments plus propices à circuler; « la flexibilité des horaires de travail » est aussi une bonne alternative pour éviter les heures de pointe et la congestion des trafics en tous genres ; bien sûr le télétravail, même partiel, est l’option imparable pour réduire ses déplacements et donc son impact carbone.
L’effort individuel consenti au profit du TTR ne peut avoir de sens que si les acteurs politiques œuvrent de leur côté pour en faciliter l’usage grâce à des aménagements urbains repensés, à des infrastructures piétonnes et cyclables sécurisées, à des réseaux de transports en commun adaptés et accessibles, mais aussi par des actions de sensibilisation et d’incitation économique.
« Adhérer au TTR » n’est pas une évidence pour tout le monde, surtout lorsque des contraintes logistiques ou professionnelles rendent la démarche plus complexe. Des horaires de travail décalés, des moyens de transports durables insuffisants ou peu adaptés en termes de fréquence – surtout dans des zones rurales mal desservies -, une accessibilité trop aléatoire pour des personnes en situation de handicap ou des personnes âgées… constituent des freins au changement. Tout comme les réticences plus personnelles de ceux qui ne souhaitent ni sacrifier leur confort, ni bouleverser leurs habitudes, ni se soumettre à des obligations horaires pour monter dans un bus, un train ou un covoiturage ! C’est pourquoi, le TTR se doit d’être un concept évolutif avec une approche inclusive et flexible pour encourager un changement positif dans nos habitudes de déplacement.
Si le concept du Temps de Trajet Responsable commence à faire son chemin, la plateforme de bureaux partagés, Ubiq a choisi de lui donner une autre dimension, au point de devenir la première entreprise française à intégrer le TTR dans sa politique RSE. À vrai dire, l’idée émane de ses salariés et l’approbation par la direction a permis la mise en place, depuis février 2023, d’un dispositif inédit en France : s’ils effectuent leurs voyages personnels en optant pour les mobilités bas-carbone, les collaborateurs peuvent bénéficier de deux jours de TTR par an (1 par semestre) qui peuvent être scindés en plusieurs demi-journées pour plus de flexibilité. Par exemple, pour un week-end à Milan, le salarié peut poser son vendredi après-midi en TTR pour prendre un train et faire de même pour le retour en posant le lundi matin. Pour ces deux journées additionnelles de congés, Ubiq estime le coût entre 600 et 700 euros par employé par an.
Une initiative que la jeune entreprise espère inspirer à d’autres, mais qui sur le fond, relance un débat crucial autour de la mobilité durable en France et vers l’Europe. Pour développer le transport ferroviaire, le gouvernement a annoncé en février dernier, un plan d’investissement de 100 milliards d’euros à l’horizon 2040... Mais cela suffira-t-il à répondre aux nombreux enjeux qui reposent sur l’indispensable modernisation des réseaux, le développement des offres et la garantie des prix attractifs ?