Par Christine Brault (Kiki) le 10/08/2023
Situé au cœur des Pyrénées françaises, entre les sommets imposants et les vallées pittoresques, l'Ariège promet une évasion captivante pour les amoureux.ses de la nature, les passionné.e.s d'histoire(s) et les explorateur.rice.s en quête d'authenticité. Une destination où l'aventure et la découverte s'entremêlent harmonieusement pour dévoiler des lieux atypiques peuplés de légendes toujours bien vivantes qui apporteront à votre exploration une jolie part d’imaginaire et d’enchantement…
Prévoyez une étape au sud-est de l’Ariège jusqu’à Ax-les-Thermes et sa commune avoisinante d’Orlu, où vous attend une magnifique randonnée qui vous mènera à 1 855m jusqu’à l’Étang de Naguilles, le plus grand des Pyrénées Ariégeoises ! Si cet étang, à l’origine naturel, a bâti son histoire au fil de ses barrages édifiés à partir de 1905, il est surtout le théâtre d’une superbe légende autour de la mystérieuse « Bête de la forêt de Naguille » qui terrifiait tous les habitants de la vallée, bien que personne ne savait réellement la décrire.
Un jour, un forgeron d’Orlu, revenant de Mérens, voulut couper par la montagne pour rentrer chez lui mais se trompa de chemin et se retrouva dans la forêt. La bête ne mit pas longtemps à lui faire face, mais plutôt que de le dévorer tout cru, elle fut alléchée par la promesse du courageux forgeron de lui concocter des friandises dont lui seul avait le secret ! Il l’invita donc dans sa forge pour les déguster. Il mit une barre de fer dans son four, et la bête, très bête et surtout très gourmande, engloutit la barre incandescente ! La bouche en feu, elle se précipita dans l’Oriège et avala toute la rivière… au point qu’elle en explosa. Toute l’eau se répandit et c’est ainsi que naquit l’étang de Naguille.
Petite escale sur la RN20, entre Foix et Mercus, à la hauteur de Saint-Paul-de-Jarrat, pour emprunter le sentier balisé qui descend, à travers la forêt, vers les gorges de l’Ariège où se niche l’insolite « Pont du Diable ». Outre la splendeur de l’édifice en pierre qui enjambe la rivière, ce pont fortifié dont on estime la construction à 1836, doit sa réputation à la légende populaire qui l’a rendu diablement attractif et dont la version intégrale figure sur les panneaux installés sur site !
En voici le résumé : pour satisfaire la demande du Comte de Foix, le Baron de Saint-Paul, fainéant et dépensier, préféra passer un pacte avec le diable pour que ce dernier construise le pont en une nuit, en échange de l’âme du premier qui le traverserait. Mais, pris de remords, le Baron alla se confesser au Père-Abbé qui lui souffla une idée. Le lendemain matin, sur le nouveau pont bâti, le Diable attendit sa promise victime. Le Baron s’y rendit mais, au lieu de se sacrifier, ouvrit un panier d’où il sortit un chat dont la queue était rattachée à une casserole. Ce dernier, affolé, fut la première âme qui traversa le pont. Le démon ainsi dupé, disparut à jamais… Restez cependant sur vos gardes lorsque vous traverserez ce pont au cas où le diable ressurgirait… Et si vous retrouvez le chat, délivrez-le de sa casserole !
S’il y a bien UNE curiosité ariégeoise unique au monde, ce sont les sabots de Bethmale, typiquement associés à cette petite vallée des Pyrénées centrales qui leur a donné son nom. Ces sabots fabriqués en bois de hêtre, uniquement à la main, sont dotés d’une pointe recourbée longue de plusieurs dizaines de centimètres. Pascal Jusot est aujourd’hui le seul sabotier à les confectionner, ce qui nécessite au moins 12 mois de travail !
Si aujourd’hui, plus personne ne porte ces sabots, ils font cependant le bonheur des collectionneurs, la singularité des costumes folkloriques, et surtout la vivacité de la légende qui leur est attribuée ! Car c’est bien à chacune de leurs pointes que les cœurs de deux amant.e.s (la belle Esclartys et le jeune fils du chef des Maures) ont été accrochés par le pâtre Darnert à qui la jeune bethmalaise avait été promise. Fou de jalousie et de rage, l’éconduit tailla et creusa cette paire de sabots pour assouvir sa funeste vengeance. Depuis ce temps-là, le soir de Noël, le fiancé offre à l’élue de son cœur une paire de sabots. Plus la pointe est longue, plus l'amour est ardent. En retour, la fiancée lui offre un tricot en laine brodé de velours et une bourse empanachée de rubans, de paillettes ou de jais. Une belle source d’inspiration pour votre prochain Noël !
Située près de Tarascon-sur-Ariège, la Grotte de Niaux est l’escale incontournable de votre périple ariégeois. Comptant parmi les sites paléolithiques les plus célèbres d’Europe, elle est surtout l’une des plus belles grottes ornées qui se visitent encore à ce jour (selon des conditions et des limites imposées pour préserver les lieux). C’est donc à la lampe portative que vous découvrirez le « Salon noir », vaste rotonde enfouie à 700m où se concentrent de superbes peintures d’animaux : bisons, chevaux, bouquetins et cerf magnifiques, de véritables chef-d’œuvres de l’art pariétal réalisés il y a donc…14 000 ans ! Cette grotte recèle encore bien des trésors, dont le « réseau Clastres » (inaccessible au public) découvert en 1970 qui a dévoilé de nombreuses empreintes de pieds préhistoriques mais aussi des peintures intactes dont une étonnante belette, seule représentation de cet animal connue à ce jour !
Tant de découvertes fascinantes en ce lieu magique ne pouvaient qu’abreuver de mystiques légendes. Les récits varient, mais la trame raconte comment les fées ou les esprits ont établi un lien spécial avec la grotte de Niaux. On dit ainsi que les dessins qu’elle abrite ne sont pas simplement des représentations artistiques, mais qu'ils servent de portails vers d'autres mondes, leur propre royaume enchanté. Cette grotte aux pouvoirs imaginaires a même inspiré le thème d’un album de Rahan, La légende de la grotte de Niaux qui n’aura évidemment pas échappé aux BDphiles !